« C’est qui le patron ?! ». C'est quoi cette bouteille de lait..?

28/9/2023
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Grégory
En 2015, la filière laitière traverse une crise structurelle mondiale. Un moment sombre - de plus - pour nos producteurs, duquel naîtra une éclaircie… devenue ciel bleu aujourd’hui ! Elle, matérialisée par une petite brique de la même couleur vendue au juste prix, premier grain de sel alors de l’initiative citoyenne portant le doux nom de « C’est qui le patron ?! ». Soit une démarche éthique et responsable passée en quelques années, au rang de marque leader sur son marché, uniquement « valorisée » par leur succès digne et mérité.

Si « les produits laitiers sont nos amis pour la vie » comme nous le « rappelle » à bonne fréquence en chanson un de ses principaux acteurs… Côté éleveurs, laiteries et juste rétribution, cela a pu être une toute autre mélodie - ou crémerie ! - au cours des dernières décennies. Cela autour du prix à la tonne du lait cru allant bon an mal an, de mal en pis.

Lait de vache & vache à lait…

Une réalité économique qui atteint son paroxysme à compter du 1er avril 2015. Une date déterminante en effet, car sonne officiellement le glas de plus de 30 ans de marché européen régit, structuré, autour de « quotas » à respecter. 

Soit un souhait de libéralisation comme réponse - voire réaction - de notre continent, face à la pénurie annoncée chez les jeunes dans ces métiers. Pour exemple français, la Bretagne et ses 13 000 exploitations - pour 20% de notre production nationale - tablait en 2015 sur une baisse de 40% de ses effectifs d’éleveurs dans 10 ans… Simplement causée par les départs à la retraite arrivant, comme sinon les difficultés à installer son activité de façon pérenne côté « primo-accédants ».

Seulement, la fin des quotas européens eut pour conséquence principale de dérégler davantage l’équilibre déjà ténu entre l’offre (grandissante) et la demande (inchangée) sur le cours du lait mondialisé. Ajoutez à ce moment un frein sur les importations chinoises, un embargo alimentaire russe + un leader sectoriel qui tire au maximum sur les prix…

Et vous obtiendrez le milkshake saveur « vente à perte » difficile à avaler, avec lequel nombre de personnes devaient goûter pour (sur)vivre et travailler. Ces « autres » finalement, dont nous vous parlions récemment.

Le rayon de soleil « C’est qui le patron ?! »

Pourtant - et comme bien souvent - c’est de ce noir ambiant que va naître une idée lumineuse dans les esprits de Nicolas Chabanne et Laurent Pasquier. Son nom : « C’est qui le patron ?! », son objectif : permettre au grand public « de reprendre en main notre consommation, et soutenir les producteurs en les rémunérant à un juste prix leur permettant de vivre de leur travail. » Comme cela l’est expliqué sur leur site internet.

Après un an de travail, les deux hommes lancent un tout premier questionnaire à grande échelle en août 2016. Près de 7000 personnes y répondent, dans l’objectif d’affiner au plus juste les grandes aspirations ou attentes des consommateurs français face à la crise du lait.

En octobre 2016, c’est - déjà - le lancement officiel de la brique bleu-ciel dans les rayons. Suivi quelques mois après, par un nouveau grand pas pour « C’est qui le patron ?! ». En janvier 2017, la démarche citoyenne prend en effet la forme d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Une évolution motivée par leur succès, comme leurs souhaits de toujours plus de transparence et de participatif ou d’expansion et d’actions collectives.

Un démarche française en 2016, un mouvement européen en 2020

Dès lors, tout consommateur peut devenir sociétaire contre le versement d’1€. Une fois ce point réglé, chacun peut s’impliquer pleinement dans l’ensemble des réalités, orientations et même contrôles de qualité des produits de la marque. Cet ensemble trouvant son cadre au travers de 3 piliers à toujours respecter.

En parallèle, la marque entame très vite son déploiement au delà des frontières hexagonales. Dès 2017, la Belgique devient ainsi le 1er pays à faire confiance à la vision « C’est qui le patron ?! ». L’année suivante, c’est au tour de l’Espagne, de la Grèce, de l’Allemagne et de l’Italie d’entrer dans la danse. Quand le Maroc et le Royaume-Unis suivent le pas en 2019, avant que les Pays-Bas ne ferment la marche - pour le moment - en 2020.

Après 4 ans d’existence, la firme tricolore était donc déjà présente dans 9 pays au total. Soit un développement à en faire pâlir nombre de sociétés ! Mais une expansion logique face à son utilité, appuyée par un service international et leur contrat « d’équipe-pays » présent dès leur création. L’initiative souhaitant par cela pouvoir s’ouvrir ou s’étendre à l’agriculture dans sa globalité, afin que chaque nation partenaire puisse agir sur « ses » propres nécessités.

En ce sens également, voilà pourquoi vous ne trouverez jamais tous des produits soutenus / vendus par la marque dans un même magasin en Europe. À chaque pays « ses » produits, fabriqués par « ses » agriculteurs en difficulté.

Ainsi, pas d’huile d’olive « C’est qui le patron ?! » trouvable autre part qu’en Grèce, quand les pâtes le sont uniquement en Italie. Là où les rayons belges proposent leur farine, et les allemands, leurs oeufs frais bio.

 

Enfin « le beurre & l’argent du beurre » pour les producteurs

Depuis son lancement en 2016, la marque de consommateur a ainsi permis de vendre plus de 460 millions de produits solidaires au juste prix. Cela au travers d’une trentaine de références dorénavant, pensées comme suivies par 14 000 sociétaires directement impliqués dans cette réussite.

Sur notre territoire, la brique de lait demi-écrémé est aujourd’hui la plus vendue de toutes celles proposées. Soit une « success story » à la française, d’ailleurs bientôt racontée dans un documentaire de 45 minutes ! Appelé « Nous consommateurs ».

Le film retraçant l’histoire de la société, mais surtout, celles de 80 familles d’éleveurs de la Région Centre comme Martial et Martine. Un couple d’exploitants qui pendant des années, dut travailler chaque jour que Dieu fait de 6h à 20h, tout en sachant que l’orée de chaque matin leur apporterait « au mieux » 120 euros… en moins. Et pour quelle réalité ? L'explication revient au vrai patron Nicolas Chabanne, « car il leur manquait 8 centimes par bouteille. Soit pour chaque consommateur : 4€ par an. »

Nouvelle preuve que les petits ruisseaux peuvent bien faire naître de grandes rivières... À quelques centimes près. Ces mêmes donnant enfin ou finalement la saveur du beurre et de leur labeur, à nos beaux producteurs de lait !

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