La reconversion professionnelle

6/2/2023
|
Michel

Le COVID a accéléré une tendance observée depuis une dizaine d’années. Les salariés réévaluent l’équilibre vie professionnelle et vie privée, sont en désir de sens, et procèdent à de nouveaux arbitrages.

La démonstration est sans appel quand on examine les chiffres des différents sondages effectués ces dernières années concernant la reconversion professionnelle des salariés d’entreprises, qu’ils soient cadres ou non.


85% des sondés d’une enquête Odoxa de juin 2017 estiment que la reconversion professionnelle a du bon.

Une autre enquête (groupe AEF) dévoile les différentes raisons à cette volonté de « changer d’air » :
A la question : « Pour quelle raison avez-vous décidé de changer de vie professionnelle, 55% répondent vouloir une activité plus en phase avec leurs valeurs, leurs passions ; 26% parce qu’ils avaient fait le tour de leur poste et seulement 11% parce qu’ils souhaitaient une meilleure rémunération.
Quand on leur demande quelle reconversion ils aimeraient faire, 59% répondent qu’ils veulent apprendre un nouveau métier et 17% créer leur entreprise ou devenir travailleur indépendant (16%).

Si on zoome sur les Franciliens, cette population à part, « les particularismes locaux » viennent renforcer le constat :  84% des cadres franciliens souhaitent quitter la région parisienne pour trouver un meilleur cadre de vie car 77% d’entre eux trouvent le coût de la vie trop élevé, 49% se plaignent de la longueur des temps de transport ou des problèmes de logement (48%). [Enquête de Cadremploi de juillet 2018]
Et encore, parle-t-on ici de chiffres pré-Covid…

La reconversion professionnelle est donc appelée des vœux de beaucoup mais, si l’intention est là, la mise en action s’avère beaucoup plus difficile.
Il ressort des différentes enquêtes que le problème principal réside dans un manque de formation et de méthodologie permettant cette réorientation.
38% des sondés à qui il a été demandé quels étaient les freins principaux à leur reconversion ont répondu qu’ils ne savaient pas par où commencer, 30% parce qu’ils manquaient d’informations et d’accompagnement, à égalité avec le constat que leur projet n’était pas encore assez mûr pour se lancer [sondage groupe AEF].

Ce déficit d’informations a été rapidement comblé ces dernières années par l’éclosion de nombreux cabinets de coaching ou de startups spécialisées dans l’accompagnement (parfois à grand renfort de data mining et d’IA) mais aussi par une croissance exponentielle des offres de formation et de bilans de compétences (13.000 rien qu’à Paris, 11.000 à Bordeaux) générant un nouveau business où même les offres les plus fantaisistes ont voix au chapitre.

Cela ne sert à rien de quitter un « bullshit job » pour tomber sur un« bullshit coach » !

Il y a d’ailleurs, comme le remarque X. Pavie (itv du 20/10/22 déjà citée), une certaine cocasserie à noter que de nombreuses reconversions se font …vers le coaching ! Un coach en entreprise est parfois une personne qui ne trouvait plus de sens à travailler…dans une entreprise, mais qui va en faire son métier en conseillant les autres qui vivent plus ou moins le même malaise. Un bel exemple de mise en abyme !

Quand on parle de reconversion professionnelle aujourd’hui, on entend sciences cognitives et comportementales, data science, smart pairing, auto-coaching, etc.
Les programmes de reconversion proposés par ces différents acteurs vont de quelques semaines à plusieurs mois, seul ou en équipe, en présentiel ou en distanciel ou parfois les deux. Les approches peuvent également varier fortement d’un coach à l’autre : on passe d’une méthode douce et bienveillante, faite d’acception de soi et de vulnérabilité pour les uns à un« bootcamp » quasiment militaire pour les autres..
Bref, chacun peut y trouver son compte à condition d’être prêt pour mener son projet de reconversion à son terme.

Carle sujet reste lancinant :
se reconvertir oui, mais pour quoi faire ? Pour exercer quel métier ? D’ailleurs vaut-il mieux le quitter alors qu’on peut, peut-être, juste le repenser ?


Certains métiers de reconversion ont la cote : le digital pour 57% des interrogés, suivis de près par les métiers de l’artisanat (32%) puis les métiers commerciaux (27%). [sondage Odoxa, juin 17).

Il y a de surcroit pléthore de nouveaux métiers qui ont émergé ces dernières années :
Ceux qui visent à transformer l’entreprise de l’intérieur (analyste ESG, fonctions liées à a RSE, communication responsable, achats responsables, etc.) ; les métiers liés aux nouvelles mobilités, au recyclage et à la réduction des déchets (technicien valoriste, éco-concepteur, etc.), ceux liés à la biodiversité, à l’alimentation et à l’agriculture et enfin, beaucoup de métiers liés au BTP, qui contrairement à ce qu’on pourrait penser, est un des secteurs les plus en cours de transformation (rénovation énergétique, construction durable, circularité, réemploi des matériaux, etc.)

A y regarder de plus près, il y a d’ailleurs beaucoup de similitudes entre le développement durable, les ressorts de l’économie circulaire des matériaux et le sujet qui nous intéresse dans cet article. Les termes utilisés (recyclage, durabilité, nouvelle vie, réemploi) ne perdent pas du tout leur sens quand on les adapte au monde du travail et à la reconversion.

Est-ce le signe que l’on peut être son propre architecte et que l’on peut bâtir une carrière, une vie qui fait du sens sans sacrifier à son bien-être ?

Nous en sommes persuadés.

< Retour aux articles